domenica 20 marzo 2011

Paul Verlaine: Poiché l'alba si accende

Paul Verlaine 
Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où l'esprit sans l'âme triomphait.

    Arrière aussi les poings crispés et la colère
    À propos des méchants et des sots rencontrés ;
    Arrière la rancune abominable ! arrière
    L'oubli qu'on cherche en des breuvages exécrés !

    Car je veux, maintenant qu'un Être de lumière
    A dans ma nuit profonde émis cette clarté
    D'une amour à la fois immortelle et première,
    De par la grâce, le sourire et la bonté,

    Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces,
    Par toi conduit, ô main où tremblera ma main,
    Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses
    Ou que rocs et cailloux encombrent le chemin ;

    Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie,
    Vers le but où le sort dirigera mes pas,
    Sans violence, sans remords et sans envie :
    Ce sera le devoir heureux aux gais combats.

    Et comme, pour bercer les lenteurs de la route,
    Je chanterai des airs ingénus, je me dis
    Qu'elle m'écoutera sans déplaisir sans doute ;
    Et vraiment je ne veux pas d'autre Paradis.

Poiché l'alba si accende, ed ecco l'aurora,
poiché, dopo avermi a lungo fuggito, la speranza consente
a ritornare a me che la chiamo e l'imploro,
poiché questa felicità consente ad esser mia,

facciamola finita coi pensieri funesti,
basta con i cattivi sogni, ah! soprattutto
basta con l'ironia e le labbra strette
e parole in cui uno spirito senz'anima trionfava.

E basta con quei pugni serrati e la collera
per i malvagi e gli sciocchi che s'incontrano;
basta con l'abominevole rancore! basta
con l'oblio ricercato in esecrate bevande!

Perché io voglio, ora che un Essere di luce
nella mia notte fonda ha portato il chiarore
di un amore immortale che è anche il primo
per la grazia, il sorriso e la bontà,

io voglio, da voi guidato, begli occhi dalle dolci fiamme,
da voi condotto, o mano nella quale tremerà la mia,
camminare diritto, sia per sentieri di muschio
sia che ciottoli e pietre ingombrino il cammino;

sì, voglio incedere dritto e calmo nella Vita
verso la meta a cui mi spingerà il destino,
senza violenza, né rimorsi, né invidia:
sarà questo il felice dovere in gaie lotte.

E poiché, per cullare le lentezze della via,
canterò arie ingenue, io mi dico
che lei certo mi ascolterà senza fastidio;
e non chiedo, davvero, altro Paradiso

Libia retroscena francese: lo scrittore Bernard-Henri Lévy artefice dell'icontro tra i ribelli libici e Sarkozy

Da Le Figaro 


Arrivé en retard en Égypte, BHL est un artisan important du virage diplomatique international qui vient de s'opérer vis-à-vis de la Libye.


Il y a dix-huit ans, Bernard-Henri Lévy avait déjà réussi un beau coup diplomatique en emmenant personnellement le président bosniaque Alija Izetbegovic - dont il soutenait la cause depuis le début de la guerre civile yougoslave - dans le bureau de François Mitterrand à l'Élysée. Mais, cette fois, notre dandy national, «ministre des Affaires étrangères» à ses heures, aura fait encore plus fort : entraîner la France - et à sa suite tout l'Occident - dans la guerre, afin de débarrasser la Libye d'un dictateur sanguinaire qui, il n'y a pas si longtemps, jouissait du privilège de planter sa tente en plein VIII e arrondissement de Paris.
Tout commence à la fin du mois de février, quand BHL se rend au Caire, pour écrire un reportage destiné à Libération, journal dont il est administrateur. Très en retard par rapport aux reporters professionnels du monde entier, il arrive sur place alors que Moubarak est déjà tombé. Personne ne remarque même son papier. Au moment où il s'apprête à s'envoler pour Paris, lui parviennent sur son BlackBerry les premières nouvelles de l'insurrection libyenne à Benghazi, et de sa sanglante répression par les forces de Kadhafi. Il hésite, mais monte quand même dans l'avion. Après quatre jours passés à Paris, il repart et se rue, à l'instar de dizaines d'autres journalistes occidentaux, vers une Cyrénaïque libérée par son peuple de la police du dictateur. Pour faire le trajet de la frontière égyptienne à Tobrouk, BHL, accompagné de son fidèle Gilles Herzog, ne trouve pas de taxi : il monte dans la camionnette d'un marchand ambulant de légumes. À Benghazi, il s'installe sur la Corniche, à l'hôtel Tibesti, où le grouillement des journalistes lui rappelle sans doute l'Holiday Inn de Sarajevo. À ce moment-là, surpassé par les ténors des grandes télévisions anglo-saxonnes, BHL n'est qu'un troisième couteau au sein du grand cirque médiatique qui couvre l'insurrection des tribus de l'est de la Libye.

«Accepterais-tu de recevoir les Massoud libyens ?»  


C'est seulement le vendredi 4 mars que BHL réussit à prendre un envol, qui va le faire passer progressivement du statut de reporter de guerre amateur à celui d'acteur majeur de la diplomatie mondiale. Dans l'après-midi, à force de traîner sur la Corniche devant le bâtiment de la Cour suprême servant de QG improvisé à la nouvelle opposition, à force de baratiner un porte-parole autoproclamé du Conseil national de transition (CNT), BHL parvient à se faire conduire dans la villa de Moustapha Abdeljalil, l'ancien ministre de la Justice devenu le chef politique de la rébellion. Coup de maître ; il est seul ; il a largué le troupeau des journaleux. Mais il ne se contente pas de faire une interview exclusive. Il passe directement à la diplomatie parallèle et secrète. Au maître de la Libye nouvelle, qui le reçoit entouré de son cabinet tout juste formé, il dit que les Libyens libres sont le sel de la terre et que le monde entier les regarde. Voilà pour l'entrée. Vient très vite le plat principal : BHL invite en France ses interlocuteurs, leur promettant de tout faire pour les amener à l'Élysée. Le soir venu, il parvient, depuis son téléphone satellite, à joindre Nicolas Sarkozy : «Accepterais-tu de recevoir les Massoud libyens ?» Le président de la République donne aussitôt son accord.
Le jeudi 10 mars, à 10 heures, dans le salon vert du 1er étage du palais de l'Élysée, le chef de l'État reçoit le philosophe et les trois émissaires libyens du CNT. À ses côtés, le conseiller diplomatique Jean-David Lévitte et, tout pâle, le conseiller spécial Henri Guaino qui, en 2007, traita BHL de «petit con prétentieux». Sarkozy, alors, annonce aux Libyens éberlués et ravis le plan qu'il a concocté l'avant-veille avec BHL : reconnaissance du CNT comme seul représentant légitime de la Libye ; envoi d'un ambassadeur de France à Benghazi ; frappes ciblées sur les aéroports militaires du pays ; le tout avec la bénédiction - qu'il a déjà obtenue - de la Ligue arabe. Deux heures plus tard, alors que les Libyens ont déjà annoncé aux médias du monde entier la bonne nouvelle, Alain Juppé descend du Thalys à Bruxelles. Les caméras se jettent sur lui. Le masque. Manifestement, le ministre des Affaires étrangères n'est au courant de rien.

Comment le «ministre-bis» gagne la partie


Changement de vent dès le week-end : alors que Kadhafi avance sur le terrain, les médias se déchaînent contre l'improbable duo Sarkozy-BHL et leur «diplomatie de perron». Pire encore, mardi 15 au soir : lors de l'entretien, organisé par BHL, à l'hôtel Westin à Paris, entre la secrétaire d'État de l'Amérique et l'émissaire libyen Mahmoud Jebril, le courant ne passe pas ; l'homme de Benghazi comprend que Washington ne veut pas d'une intervention militaire.
C'est alors que BHL décide de mettre la pression sur Sarkozy, en déclarant jeudi matin à la radio que si Kadhafi prend Benghazi, l'immense drapeau français qui flotte sur la Corniche sera littéralement éclaboussé du sang des Libyens massacrés. L'image porte. À 14 heures, Sarkozy appelle BHL. Il a pris sa décision. Il envoie Juppé à New York et appelle lui-même, un à un, les présidents ou chefs de gouvernement des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU. À minuit, le président annoncera lui-même à son «ministre-bis» qu'il a gagné la partie, que la résolution est votée…